Je voulais me démarquer, trouver une signature forte, être reconnue pour ce que je fais. Mais j’avais toujours l’impression que mon travail se noyait dans la masse, qu’il n’avait pas l’impact que j’espérais. Ce que j’ai découvert avec Émergence, c’est que mon art avait déjà une singularité, mais que je ne l’avais jamais regardé en face. J’étais tellement focalisée sur ce que je voulais dire que je ne voyais pas ce qu’il racontait réellement. Dès que j’ai compris cela, tout a changé. J’ai cessé de me battre pour trouver ma place. Mon travail s’est imposé de lui-même, car j’ai enfin su écouter ce qui faisait sa force.

Je pensais que mon art était une expression purement personnelle, une façon de raconter mon histoire, mes émotions. Mais malgré mes efforts pour affirmer mon style, quelque chose semblait me retenir. J'ai enfin réalisé que mon œuvre portait un message qui me dépassait, que ce que je voulais exprimer et ce que mon art racontait réellement n’étaient pas toujours alignés. Ce qui a changé ? Aujourd’hui, je ne force plus mon travail dans une direction prédéfinie. Je l’observe, je l’écoute, je comprends son langage. Et c’est là que mon art a pris toute sa force. Il attire l’attention naturellement, sans que je doive l’expliquer. Il vit par lui-même.

J’ai longtemps pensé que si mon travail était mal compris, c’était parce que je ne savais pas bien l’expliquer. Alors je cherchais les bons mots, les bonnes justifications, les références qui pourraient éclairer mes intentions. Je viens d'apprendre une chose essentielle : une œuvre qui a besoin d’être expliquée manque de clarté en elle-même. J’ai appris à regarder mon travail différemment. J’ai compris que mon intention n’était pas la clé. Ce qui compte, c’est ce que l’œuvre exprime en elle-même, au-delà de moi. Depuis, mes expositions ont un autre impact. Mon travail interpelle sans que j’aie à guider le regard du spectateur.